Par une invitation au voyage, la chorégraphe Isabelle David se penche sur la marche et plus particulièrement sur la marche en ville.
Cette pièce chorégraphique pour une danseuse tend à jouer avec l’éveil des sens en cheminant entre l’espace intérieur et l’espace extérieur.
Il a pris la peau d’un petit traité anthropologique où une femme invite le spectateur à se pencher sur le bipède humain d’une manière décalée.
L’origine du projet
Qu’y a-t’il au départ de la marche ? Une tension musculaire. En appui sur le pilier d’une jambe, le corps se tient entre terre et ciel. L’autre jambe ? Un pendule dont le mouvement part de l’arrière et par le transfert de poids, le subtil équilibre du mouvement s’inverse.
“L’homme qui marche” d’Alberto Giacometti a été le point de départ du projet “100 pas”.
C’est une sculpture allongée à l’extrême, figure fragile et forte à la fois, telle une dentelle effilée opposant l’enracinement des pieds à la tête dans les nuages.
Au départ il y a un pas, puis un autre et encore un autre, qui tels des battements sur la peau d’un tambour s’additionnent pour composer un rythme, le rythme de la marche qui est très proche des rythmes qui agitent notre corps (cœur, respirations, visions..).
Et si ce rythme insufflait aussi le rythme de la pensée? Et si notre corps et notre esprit étaient l’espace et le temps de la marche vraiment connectés. Les pensées vont- elles à l’allure des pieds : cinq kilomètres à l’heure !?
La traversée d’un paysage ramène à des associations d’idées, en stimule de nouvelles. L’étrange consonance ainsi créée entre cheminement intérieur et extérieur suggère que l’esprit, lui aussi, est un paysage à traverser en marchant.
Souvent une idée neuve apparaît comme un trait depuis longtemps propre au paysage, et penser ressemble alors plus à voyager qu’à faire. A la différence des pieds, l’esprit progresse sans laisser de traces apparentes.
Marcher dans la ville
En ouvrant des sentiers, des chemins, des routes, la marche a généré le sentiment de l’espace, proche ou démesurément plus lointain; elle a dessiné les villes, les jardins, entraîné l’apparition des cartes, des guides de voyage, d’un équipement adapté, et bien plus encore : une gigantesque bibliothèque de récits et de poèmes!
A pieds, les lieux que nous fréquentons restent reliés entre eux. Ainsi marcher, c’est reconquérir l’espace.
C’est être en prise avec les imprévus, les rencontres et les surprises liées aux facteurs externes. C’est tout simplement se donner du temps, du plaisir, de la liberté, du danger.
La marche à pied dans ce cas est bien autre chose qu’un moyen de locomotion : elle est une façon d’envisager le monde!
L’homme projette son action sur le monde extérieur qui en est lui-même façonné en retour.
D’après Elaine Scarry, les outils et objets manufacturés sont des prolongements du corps dans l’espace. Le chemin est un prolongement du marcheur et marcher est autant une manière de fabriquer le monde que de l’habiter. Marcher exige un engagement corps et âme, c’est une façon de connaître le monde à partir du corps, et le corps à partir du monde.
Rien de plus universel, que ce déplacement qui s’égare si facilement dans l’architecture, l’histoire, les religions, la philosophie, le paysage, l’aménagement du territoire, la politique, l’anatomie, l’allégorie, l’espoir.
Les performances filmées
La danseuse performe dans la ville, la traversant d’un point A à un point B à l’aide d’une partition chorégraphique et en étant filmée.
Elle joue avec l’architecture, laisse sa trace, son inscription, son identité.
Les films sont ensuite projetés pour le spectacle « 100 PAS » et lors des expositions.
Les expositions
L’objet scénographique de la pièce « 100 PAS » continue son voyage lors d’expositions.
Celui-ci est un caddie équipé de télés, de caméras et d’un dispositif sonore.
Il a la particularité de fonctionner en autonomie car dans « 100 PAS », il est le prolongement du corps du bipède humain devenu VPH ( Véhicule à Propulsion Humain ).
C’est un objet scénographique à usage satirique !
Le spectacle « 100 PAS »
Le spectacle « 100 PAS » existe sous deux formes :
- une version classique en théâtre
- une version extérieure adaptable dans des lieux in situ.
« 100 PAS », chorégraphie de Isabelle David – Art métisse - from art métisse on Vimeo.